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MACF : quels impacts potentiels pour les filières agricoles et agroalimentaires européennes ?

En savoir plus sur le Mécanisme d’Ajustement Carbone aux Frontières (MACF)
Photo d'illustration évoquant les émissions de gaz à effet de serre Photo d'illustration évoquant les émissions de gaz à effet de serre

Avec l’arrivée du Mécanisme d’Ajustement Carbone aux Frontières (MACF), l’Union européenne franchit une nouvelle étape dans sa politique climatique.

Ce dispositif, conçu pour éviter la fuite de carbone et rééquilibrer la concurrence avec les pays aux normes moins strictes, pourrait toutefois modifier en profondeur les conditions de production agricole et agroalimentaire.

Entre hausse possible des coûts d’intrants et opportunités pour les filières les plus sobres en carbone, le MACF soulève de nombreux enjeux que cet article propose d’éclairer.

Qu'est-ce que le MACF ?

Le Mécanisme d’Ajustement Carbone aux Frontières (MACF) est un outil de politique climatique mis en place par l’Union européenne pour limiter le phénomène de fuite de carbone. Vous avez peut-être déjà croisé le terme CBAM, issu de l’anglais Carbon Border Adjustment Mechanism, pour parler du MACF.

Celui-ci se produit lorsque des activités industrielles fortement émettrices de gaz à effet de serre (GES) quittent l’Europe pour des pays où les réglementations environnementales sont moins exigeantes.

L’ambition du MACF est donc de rééquilibrer la concurrence entre les entreprises européennes, soumises au coût du carbone, et leurs concurrentes établies hors UE.

Pour cela, le dispositif impose aux importateurs de produits ciblés :

  • De déclarer les émissions de GES (directes et parfois indirectes) associées aux marchandises importées ;
  • D’acheter des certificats MACF, dont le prix reflète celui qu’un producteur européen aurait payé dans le cadre du marché du carbone, si le pays d’origine ne dispose pas d’un système équivalent.

Une entrée en vigueur progressive jusqu’en 2026

Bien que le règlement européen instaurant le MACF soit effectif depuis le 17 mai 2023, une phase transitoire est prévue du 1er octobre 2023 au 31 décembre 2025.

Durant cette période, les importateurs ont uniquement l’obligation de déclarer les émissions liées aux biens concernés, sans achat de certificats.

Le mécanisme deviendra pleinement opérationnel à partir du 1er janvier 2026, date à laquelle les importateurs devront commencer à régler les certificats MACF correspondant à l’empreinte carbone des produits.

Quels produits sont concernés ?

Le périmètre initial du MACF porte sur les secteurs jugés les plus émetteurs et les plus exposés à la concurrence internationale. Les produits visés sont :

  • Le ciment,
  • L’aluminium,
  • Les fertilisants,
  • L’électricité importée,
  • Le fer et l’acier,
  • L’hydrogène.


Le dispositif couvre les émissions directes (scope 1) et dans certains cas, certaines émissions indirectes (comme l’électricité utilisée pour la production).

Une extension future du mécanisme à d’autres secteurs n’est pas exclue. En revanche, les produits agricoles et agroalimentaires ne font pas partie du champ d’application initial.

Conséquences possibles pour l’agriculture et l’agroalimentaire européens

Même si les produits agricoles ne sont pas directement soumis au MACF, les intrants agricoles, eux, sont concernés. C’est notamment le cas des engrais importés, soumis au mécanisme.

D’après le ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, l’introduction du MACF entraînera probablement une augmentation du coût de ces intrants, qui représentent déjà 6 à 12 % des charges de production des exploitations.

Selon les estimations de la Direction Générale Énergie Climat (via un simulateur cité par l’AGPB), le surcoût pourrait atteindre :

  • 144 € par tonne d’urée pour un navire de 20 000 t,
  • 121 € par tonne de solution azotée pour un navire de 40 000 t.


Pour l’Association Générale des Producteurs de Blé (AGPB), cette taxation additionnelle pourrait devenir suffisamment pénalisante pour dissuader les importations hors UE, ce qui risquerait de provoquer une hausse notable des prix des fertilisants en Europe.

Cette pression sur les coûts pourrait réduire les marges des producteurs agricoles ou se répercuter sur les transformateurs, les distributeurs… puis les consommateurs. Ceux-ci pourraient alors se tourner vers des produits importés moins chers mais à empreinte carbone plus élevée, paradoxalement.

À l’inverse, le MACF pourrait aussi devenir un levier de valorisation pour les productions européennes les moins émettrices : une industrie locale plus « propre » bénéficierait mécaniquement d’un avantage compétitif face aux importations à forte intensité carbone. Les fertilisants produits en Europe seraient, selon plusieurs études, déjà moins émetteurs que ceux issus de certains pays tiers.

Au final, le MACF met en lumière la délicate équation que doit résoudre l’Union européenne : réduire fortement les émissions, préserver un accès équitable au marché mondial et maintenir sa souveraineté alimentaire.

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